Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Poesie de Comptoir
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Poesie de Comptoir
Catégories
13 juillet 2009

« Mais toi…toi t´es mon jardin secret » me

« Mais toi…toi t´es mon jardin secret » me chuchota-t-il plein de pudeur, scrutant le sol, de cette voix mièvre et douceâtre qu´il adoptait á l´époque ou nous croyions en un avenir. « Sans toi, je sais pas, je serais toujours la, t´as vu, je continuerais mais…» poursuivit-il et s´interrompit, haussa les épaules, serra ma main, enfouit son nez dans mon cou, laissant sa voix se fondre en murmures et tendresses pleines d´implorations et de désirs de délivrance. «On va s´en sortir…On va s´en sortir…Tu vas voir…». Et tout en le conjurant, mes phrases se désarticulaient déjà, au même rythme que le brouillard engloutissait sans pitié nos espérances, tout propos se dissipait face au marasme dans lequel nous flottions. Je m´agrippais, enfonçais mes ongles dans sa chair, me laissant encore bercer par nos chimères lorsque le sol se dérobait sous nos pieds…Son rire se distordait alors, se convulsait, devenant épileptique, macabre, farcesque d´agonie inavouée. Je le contemplais, langoureuse, lascive, admirative, m´apprêtant, possédée par une ferveur désirante inégalable, à embrasser le naufrage qu´il laissait miroiter. Orchestrant une musique douce et envoûtante, l´abîme s´entrouvrit, m´enlaça, m´enivrant de promesses suaves, susurrantes, formidables. Virevoltant, voltigeant, je m´engouffrais dans un tourbillon d´amertume, d´extases scabreuses, de déchéances labyrinthiques. Je convoitais des mirages de tendresse qui viendraient s´exhaler du bitume, escomptais une sérénité délicieuse de volupté, des rêves d´opium embaumés par l´oubli, la nonchalance, la concupiscence. L´Espagne de Nerval, les castagnettes, la sangria et les ombrelles, le moindre chatoiement suffisait à m´insuffler le pouvoir d´évasion nécessaire, me laissant acérer mes lames, émietter ces murs blanchis par la honte, papillonner au gré de rêveries étincelantes. Je me souviens de l´enchantement caressant des vagues, de leur rythmique sacrilège, d´orgasmes susurrés, exhalés, vociférés, des falaises, de leur autorité virile et formidable. Elles se dressaient devant nous, ensorcelées, enivrées de leur aura hirsute, menaçante, cynique, enchanteresse. Nous dansions, déflorions l´oubli, célébrions l´agonie devenue créatrice, éclats sincères et émerveillés, chant trépidant des dunes, instants de jouissances dérobés au sordide, à l´inexorable, au péremptoire. Lorsque les dernières braises s´exténuaient, j´aurais aimé les incas et la liberté, les bacchanales, la musique sempiternelle, le dionysiaque inextinguible. En proie à une lutte féroce pour m´empoigner d´un équilibre inaccessible, l´image des balançoires qui m´obsédaient petite me poursuivait, traçant impitoyablement les contours de mon hantise, me promettant un désastre prochain, des cartouches qui ne ricocheraient plus...

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité